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« Eut » ou « eût » : différence grammaticale et usage littéraire

  • Photo du rédacteur: La Correction
    La Correction
  • il y a 3 jours
  • 2 min de lecture

Il n’est pas rare que le lecteur hésite devant l’alternance de ces deux formes : « il eut » ou « il eût ». L’une est parfaitement régulière, l’autre semble étrangère, presque fautive. Pourtant, toutes deux sont attestées dans l’histoire de la langue française.



1. Eut : le passé simple régulier


Le verbe avoir au passé simple se conjugue : il/elle eut. C’est la forme canonique, encore enseignée dans les grammaires scolaires et définie ainsi par l’Académie française dans son dictionnaire. Elle correspond, dans l’usage moderne, à notre passé composé : elle a eu.


Exemple : « Elle eut un sourire. »


2. Eût : du subjonctif à la variante graphique


À côté de ce passé simple, eût existe bien au subjonctif imparfait : « Il fallait qu’elle eût pitié de moi ». Grevisse rappelle dans Le Bon Usage que cette tournure, fréquente au XIXᵉ siècle, a aujourd’hui disparu de la langue parlée.


Mais eût a aussi servi, plus discrètement, de variante graphique du passé simple eut. Littré note à l’article avoir :

« On écrit aussi eût pour eut, 3ᵉ personne du singulier du passé simple. » 

On retrouve cette graphie dans certaines éditions anciennes, où le circonflexe marquait une voyelle allongée ou une consonne disparue. Cet usage, aujourd’hui rare, peut être réactivé volontairement par un écrivain pour donner à sa prose une coloration archaïsante.



3. Illustration contemporaine


Ainsi, dans Les Forces (2025), Laura Vazquez écrit :

« Et la fille aux yeux très noirs eût pitié de moi. »

Le contexte impose clairement le passé simple (elle eut pitié). Ici, le circonflexe n’introduit donc pas un subjonctif, mais rejoue un archaïsme graphique.


L’effet est subtil : il ne modifie pas le sens, mais installe une étrangeté légère, une vibration temporelle qui fait écho à l’univers poétique de l’autrice. Ce détail typographique, presque imperceptible, retient l’attention dans une correction de manuscrits littéraires. Lorsqu’il s’agit de faire corriger son manuscrit, ce type de choix signale que l’écrivain revendique une liberté consciente face à la norme, et que la relecture doit être attentive pour en saisir la portée.



Conclusion


« Eut » et « eût » ne sont pas interchangeables par caprice. L’un est la forme canonique du passé simple, l’autre est soit le subjonctif imparfait, soit — plus rarement — une variante graphique archaïque du passé simple, attestée par Littré et encore rencontrée dans certaines éditions.


Employé aujourd’hui, comme chez Laura Vazquez, eût introduit un effet de style, un décalage voulu. Un accent circonflexe suffit alors à rappeler que la langue conserve, sous ses usages normés, des strates historiques que la littérature peut réveiller. C’est aussi ce qu’une relecture manuscrit sérieuse permet de mettre en valeur : l’équilibre subtil entre correction grammaticale et fidélité à la voix de l’auteur.

 
 
 

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